Boutis, piqué et autres petites choses typiquement provençales .....


couleurs sang et or celle du blason de Provence

Mon premier boutis !!!! Attendez que je me souviennes, et je l'avais sous mon cul de bébé pour palier aux fuites intempestives que la non invention des couches culottes en ces temps reculés des années 60 rendait indispensable,


un petassoun de la pire espèce

(ce qui se faisait de mieux, en coton, bourré coton, méché coton,
piqué coton .... 100 pour cent coton quoi ! )

qui mettait deux à trois jours à sêcher après lavage et encore par temps de gros Mistral. (vous avez déjà essayé d'essorer un boutis ou un piqué mouillé vous ?)






J'ai piqué la photo sur le comptoir des dentelles, c'est le seul qui me semblait authentique


C'est pas le mien, il est parti "aux estrasses" mon petassoun, jeté par une grand mère désespérement moderne à l'avénement du Formica et à l'invention de la couche jetable pertubant ainsi à jamais, le patrimoine mondial des travaux d'aiguilles .... provençaux.

J'en étais où moi ... A oui, les boutis. Ensuite mon adolescence, chez ma tata Pierrette, quoi vous n'avez jamais lu l'article sur ma Tata Pierrette, lacune, terrible lacune, le voilà. Rencontre avec les piqués marseillais, ses indiennes et ses couvertures rouges, dans le studio du bas, oui celui où déjà à 12 ans je me sentais indépendante, et comme libérée bien avant le MLF, parce que je dormais seule dans l'appartement du rez de chaussé, quand j'allais la voir. Cette couverture elle est rouge (pardon couleur sang comme l'une des couleurs de notre Provence occitanne) rouge sang et en piqué marseillais, et lourde lourde, que depuis ce temps là, je dors toujours avec des trucs horriblement épais sur moi.

Troisième rencontre, j'ai 15 ans, je reviens fière comme Artaban de chez un brocanteur de Salon de Provence, pour faire un cadeau à ma mère, une couverture en piqué et indiennes du 18ème, (rose d'un côté et bleu de l'autre) c'est son cadeau de la fête des mères, et j'ai cassé ma cache maille (tire lire), elle m'a coûté 150 francs c'était en 1977.


Quatrième rencontre, on va jeter les bordilles aux ruclons avec mon père (c'est à dire, opération poubelle à la décharge publique), et là mon père me voit en train d'escalader les montagnes d'immondices, l'époque n'avait pas légiférée les stations de recyclage, il me voit ébahi, tirer désespérement un bout de tissu blanc, au milieu de vieux décombres, et revenir un sourire vainqueur, mon boutis, un vrai, d'époque, un ancien jupon transformé en couverture, une véritable merveille sauf que le peintre en bâtiment qui l'avait utilisé avait essuyé ses pinceaux avec, et l'avait déchiré en deux.


Cinquième rencontre Monsieur Biehn, monsieur Michel Biehn, je l'excuse de n'être pas de chez nous, (il ne l'a pas fait exprès peuchère) grand collectionneur de tissu ancien, il m'a ouvert les yeux lors de la première exposition qu'il fit au chateau de Lauris dans les années 85, j'avais une vingtaine d'années.

Sixième rencontre, toujours au siècle dernier, j'apprend le boutis avec Madame Caire, une élève de Madame Gaussen, c'est pas encore à la mode, mais ça va le devenir vite vite, trop vite .. au point que le boutis deviendra même chinois (enfin redeviendra chinois, parce que les vestes matelassé des guerriers chinois sous leur cotte de maille, et ben c'est du piqué .....)

Septième rencontre, le mariage de ma cousine, une taille si fine et un jupon en boutis à damner un saint, elle est belle, elle est très belle, brune et belle, une vraie demoiselle de chez nous, je la vois encore entrer dans l'église (je rappelle à ces dames que le fait d'être très mince est indispensable au port d'un jupon en boutis, sinon vous ressemblez tout de suite à une montgolfière) ....

Huitième rencontre, un cadeau de Noël de la tante de mon mari, une bretonne, un petassoun fait par elle.

Et bien sûr la collection de Monsieur Cabanel.


Bien que j'achètes tous les livres qui concernent le boutis, bien que je saches le faire, je ne vois pas l'utilité de faire des abats jours, des protège mouchoirs, et autres choses bizarres, pour moi le boutis, le piqué provençal se sont des jupons des couvertures, quelquefois des vestes, mais c'est pour se proteger du froid. J'ai même vu des parisiens (ben oui j'ai été émigrée dans une vie antérieure), qui voulait me faire croire que c'était eux qui avait inventé le boutis alors ....... Augusta (mon arrière grand mère) doit bien se marrer. Mamée t'as vu ce qu'ils font de ton linge de maison et de tes sous vêtements !!!!

"Vougué mai viéure lou passai es pensa l'aveni pèr li mescla nouèstei valour d'antan à-n-uno soucieta mouderno de longo bulegadisso".

Sylvie Salvati, Cabisoclo de l'Escolo dei Felibre de la Mar


"La volonté de faire vivre le passé, c'est se tourner vers l'avenir pour que se pérennisent nos valeurs dans une société en contante évolution."
J'ai eu 17 au bac en provencal ..... eh oh...

Le blason d'or à quatre pals de gueule est celui de la Provence depuis le mariage célébré le trois février 1112 de Douce, (héritière par sa mère Gerberge du Comté de Provence) avec Raymond Bérenger III dit le Grand.
La légende veut que, lors d'un combat contre les Normands, Geoffroy-le-Velu, père de Raymond Bérenger, fût blessé. Le roi Charles le Chauve (823 - 877), voulant lui témoigner son affection lui offrit des armoiries en traçant de sa main rougie du sang de la blessure de Geoffroy quatre traits sur son bouclier d'or.
La dynastie des Bérenger, jusqu'en 1246, année du mariage de Béatrice de Provence avec Charles 1er d'Anjou, recouvre la période la plus prospère : apogée de la civilisation provençale en matière de langue, de législation, de commerce, de liberté municipale.
Tout naturellement, les félibres et les régionalistes en général adoptèrent ces armes très anciennes, celles de Catalogne au détriment du "lys" d'Anjou.
Ce choix s'explique par les liens historiques et littéraires qui unissent Provence et Catalogne et par le sentiment d'appartenance plus fort qu'avec les comtes angevins
.



Merci au blog "Ma Provence" pour l'histoire du blason de Provence.





Sous l'oeil bienveillant de Fred, qui m'accueille chaque jour .... quand je rentre à ma maison ... vous connaissez pas Fred, alors tant pis pour vous, vous ne resterez à nos yeux qu'un touriste ....


(photo personnelle, fête du Cheval Villelaure - septembre 2007)

Et avec quelques jupons de boutis, que l'on peut vraiment porter ...... de temps en temps, si ces dames veulent bien relever leur jupe ....

Articles les plus consultés