Ma dame à la licorne

"Il n'est d'homme qui puisse écrire ni raconter la valeur, la beauté, la noblesse de ces tissus."

Cri d'admiration exprimé en l'an 1400 par un bourgeois d'Arles, Bertrand Boisset, devant un chef d'oeuvre de tapisserie française "La tenture de l'Apocalypse" alors exposée momentanément lors des fêtes du mariage de Louis II, duc d'Anjou et conte de Provence, frère du roi Charle V, avec la belle Yolande d'Aragon.

C'est la même admiration qui m'a saisie, à chaque fois que je me suis assise dans la salle circulaire du musée de Cluny, à Paris, devant ma dame à la licorne, pourquoi ma dame, parce que mes horaires ne concordaient pas avec ceux de la foule de touristes, et que je m'asseyais souvent seule, encerclée, envahie, habitée par une histoire vieille de cinq siècles. Qu'est ce que j'ai pu vous poser comme questions, vous devez vous en souvenir encore, ma dame à la licorne.

Les six pièces représent les cinq sens, et la dernière porte ces mots "A mon seul désir", le thème de la licorne, symbole de pureté, se retrouve dans chacune des tapisseries. L'oeuvre porte les armoiries de la famille Le Viste. Les historiens n'ont jamais réussi à en identifier l'origine, ni le lieu de fabrication.

Georges Sand a évoqué huit pièces, il n'en reste que six, les deux pièces manquantes auraient servi de couverture pour charette.

Diverses théories ont été échafaudées, dont celle d'André Arnaud qui y consacre tout un site, celle de Georges Sand, ou de Prosper Mérimée.

Moi, j'aime imaginer qu'un homme était fou d'amour, pour sa dame, et qui lui a offert le souvenir de cet amour, et que les deux pièces manquantes sont une représentation de leur amour physique (magique), immolées par la morale religieuse, en des temps d'obscurantisme destructeur.

Je suis tant restée à vos côtés ma dame, me confiant à vous, vous enviant même cet amour éternel, et scrutant chacune de vos fleurs, chacun de vos animaux, en découvrant d'autres à chaque visite que souvent je me suis sentie imprégnée de votre âme, de votre calme, de votre sensualité et de votre sérénité, baignée par un champ de mille-fleurs.

Voilà comment, une jeune femme célibataire et seule dans Paris, passait ses après midi de libre, c'était il y a de celà quelques années, mais pas tant que ça.


Le toucher


La salle circulaire du musée,
La tapisserie est grandiose et envoutante vous ne trouvez pas ?
On se sent si minuscule auprès d'elle.

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