Exposition Universelle et Internationale Bruxelles 1958 - tapisserie et canevas


"carnaval étrange" de Jean Picart le Doux

1958, l'Exposition universelle et internationale bat son plein, j'ai retrouvé dans ma pile de revues "Plaisir de France", le numéro de l'exposition de juillet 1958. Au delà de l'Atomium créé par la Belgique pour cet exposition par André Waterkeyn (architectes A. et. J. Polak). Ce qui m'a intéressée par dessus toutes considérations journalistiques de guerre froide nous étions en plein dedans, c'est le triomphe de la tapisserie française au pavillon de Marsan.

Depuis une dizaine d'année déjà (1948) , la tapisserie française se renouvelle.
Je rêve d'admirer un jour comme ont pu le voir les 42 millions de visiteurs de 1958 "Le jardin du poète" tapisserie de 7 m de long sur 3 m 60 de haut de Jean Luçat, peintre et cartonnier pour les liciers d'Aubusson, il parait qu'on y voit l'homme dominer la terre dans une harmonie de rouge, de jaune, de bleu.

Jean Picart le Doux, et son "rideau de gel" rien que le nom de l'oeuvre fait vagabonder mon esprit, me donne envie d'aller danser avec les Arlequins du "Carnaval Etrange".

Les autres artistes présents :


Perrot dans "Le jardin de mon village", Saint Saëns pour "Lancelot", Maurice André "la Naissance du monde", Vogensky "le sommeil" ont élevé la tapisserie au rang d'oeuvre d'art.

Manessier, Singier, Le Corbusier, Matégot, Pressinos, Piaubert, Arp, Dyrole, Dewasne, Herbin, Mortensen, Magnelli, Vasarely, Kadinsky, Louis Marie Julien, Dom Robert.

Autant de noms qui font galoper mon imagination en couleurs et formes abstraites.

Si Lurçat fut d'abord un peintre comme beaucoup de cartonnier, il faut relever que Picart le Doux fut d'abord un relieur et un graveur, c'est sa rencontre avec Lurçat qui va le faire s'intéresser à la tapisserie.


J'ai le souvenir de cartons de canevas vendus dans les merceries et certainement édités par DMC dans les années 1970 de merveilleuses tapisseries contemporaines comme celles de Jean-Claude Duprez , "Coq et Musique", pour moi c'était la plus belle approche de l'art contemporain, broder au petit point une oeuvre de haute lice d'un grand artiste, comme je voyais le faire une de mes tantes dans sa maison résolument moderne, où les lithographies de Buffet côtoyaient les posters de Vasarely, au milieu de meubles anciens laqués orange.


En fouillant dans mes archives, mes vieux bouquins, et ma mémoire, je m'aperçois que le canevas a tant perdu de sa popularité, relégué au rang de ringardise totalement kitsch par la majorité des brodeuses, qui n'ont pour vision du canevas qu'un "footballeur tapant dans un ballon" , "la Joconde" ou celui des héros enfantins de nos chers rejetons. J'ai envie de créer mes propres ouvrages, dessinant à même le canevas Pénélope, le flot de mon jardin secret, laissant s'associer les fils de laine, mon aiguille devenant un pinceau, le temps d'un ouvrage.

Mesdames réhabilitons le canevas .... il est grand temps, avant que nos entreprises françaises ne disparaissent, et afin que la tapisserie retrouvent son rang d'art décoratif.





Coq et musique (kit diffusé et édité par DMC dans les années 70)
- 92 cm x 74 cm -

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