Brodeur de lumière 2 - La broderie Indienne ou broderie Aari

Maharajah de Patiala


Depuis le quinzième siècle existe en Inde une forme de broderie dite Aari ou Zardosi. Elle a été vivement encouragée et appréciée, surtout durant la période moghole, jusqu’au dix-huitième siècle. Après la chute de l’empire moghol, les principaux artisans se sont dispersés dans les autres royaumes de l’Inde. Aujourd’hui ce métier survit parmi de petites communautés musulmanes. L’aari est dérivé du mot aar, qui désigne une aiguille utilisée pour cet ouvrage.

La première étape consiste à étirer le tissu au-dessus d’une armature appelée adda. Ce concept a évolué à partir d’un lit de camp appelé khatia, utilisé dans les régions rurales. Il suit les mêmes principes de serrage et d’assemblage que le khatia, ce qui donne au tissu une tension uniforme. L’armature se compose de quatre poteaux en bois. Elle peut enoutre, être adaptée à n’importe quelle longueur de tissu. Le tissu est tendu sur l’armature en bois,maintenu en place par un épais fil de coton. Le motif est alors tracé sur le tissu. On peut le faire en utilisant un crayon noir ou alors l’artisan dessine spontanément le modèle sur le tissu. Mais habituellement, le décor est dessiné sur un papier calque. Puis, à l’aide d’une aiguille, des trous sont percés tout au long des motifs. Le papier calque ainsi perforé est ensuite placé sur le tissu. Un mélange de pétrole et de craie est frotté sur le calque. Il s’infiltre par les trous et le motif se transfère sur le tissu. Maintenant le tissu est prêt pour la broderie. L’aiguille avec une extrémité aari accroche le zari (fil d’or ou d’argent) ou un fil de coton ou de soie. L’aari ressemble à des points de chaînes fins. Le travail est très méticuleux.
L’avantage principale de l’aari est une broderie de motifs petits et complexes. Ils peuvent être ornés de perles, de sequins, de petites spirales d’or ou de fils d’argent qui apparaissent ça et là par intervalles pour ajouter de l’éclat à l’ouvrage. Le processus entier est fait très rapidement, avec soin et précision, tout en maintenant la tension parfaite du fil. Plusieurs hommes peuvent travailler sur une seule pièce. Cela peut prendre au moins un mois pour la finition. Après la broderie, le morceau est repassé et fourni aux clients. Les artisans d’aari portent en eux la mémoire du soutien impérial. Leurs outils permettaient de broder des dessins de jardins raffinés
sur les vêtements des souverains. Le métier de la broderie d’aari existe en Inde depuis le 15ème siècle. Les empereurs et leurs familles ont beaucoup apprécié la broderie par sa finesse. La plupart des artisans étaient des Musulmans. Les artisans pensent qu’il faut vingt-cinq années d’expérience pour effectuer un ouvrage vraiment accompli. Les artisans d’aari commencentune formationtrès jeune. Ils ont vraimentleur métier en main quand ils atteignent l’âge de trente ans. Ils croient égalementque les femmesne peuvent pas faire cegenre de travail : ils pensent que la formation une fois achevée, les femmes se marieront et que le bénéfice de leur apprentissage sera perdu. Les concepteurs occidentaux ont expérimentéavec cette broderie des vêtements, des accessoires, qui sont très tendance. L’apport de la riche broderie indienne sur le vêtement occidental donne à l’ensemble une allure très appréciée .

Jeune styliste-modéliste, spécialisée dans le textile et la broderie de l’Inde, j’ai effectué mon apprentissage de la broderie avec un maître-brodeur de mon pays, le Pendjab. Aujourd’hui, j’utilise cette technique pour embellir les vêtements et créer des accessoires. L’Inde a beaucoup à offrir en matière d’ornementation des textiles. Nous pouvons apporter notre savoir-faire :

– par l’art artisanal de la teinture
– par l’art de la broderie ou la combinaison des deux.
Selon moi nous pouvons diviser les broderies en deux parties, "broderies contemporaines" et «broderies folkloriques ». Les broderies folkloriques ont toujours des choses à raconter et se passent d’explications. Elles sont le miroir de la vie, de la culture et la croyance religieuse. Si je vais dans les détails, croyez-moi nous allons découvrir toute l’Inde car chaque région en Inde pratique sa broderie avec sa propre histoire.

En utilisant la technique « Adda » avec le fil d’argent, le fil de soie, le coton, les perles, le cristal, les sequins, zardosi, dabka, cela m’aide à reproduire divers effets, qui donnent une autre dimension à mes vêtements. Je tente de canaliser mes envies esthétiques pour créer un vêtement de mode. Pour moi, l’inspiration vient de l’opulence et de la splendeur d’un grand pays. La broderie donne aux vêtements plus d’éclat. En travaillant avec la broderie, le « look fusion » est devenu très populaire.

Shikha Chireux
(extrait des Nouvelles de l'Inde n° 353 - Juillet Août 2004 édité par l'ambassade de l'Inde)

Je vous laisse visiter l'atelier de Shikha, sur l'internaute. son site, Broderie Créations et voir un défilé de mode indienne.


Vous pouvez aussi visiter le site L'ATELIER AU FILS D'INDRA,
association de brodeuses indiennes existant depuis 40 ans.

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